La pratique de la pleine conscience (mindfulness) ne date pas de notre époque. C’est en orient qu’elle trouve ses racines les plus profondes, avec la tradition bouddhiste. L’origine du programme MBSR vient de là aussi…

 

C’est en Inde, il y 2500 ans qu’un nomme que l’on connaît sous le nom de Buddha a utilisé et transmis les grands principes de la pleine conscience. Ce sont ces mêmes principes qui sont enseignées dans les approches et programmes basés sur la pleine conscience de nos jours.

 

La mindfulness et ses pratiques ont été jusqu’au 20ème siècle connues presque uniquement en Asie. Peu de personnes en occident avait entendu parlé de son intérêt. On ne parlait pas de pleine conscience, de pleine présence, de présence attentive ( qui sont les noms que vous retrouverez qui tente de traduire le mot mindfulness).

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A la fin du 19ème siècle, les explorateurs, les colons, les savants, ont commencé à s’y intéresser. Dans les années 50 à 70, les mouvements des hippies, de la jeunesse en général, l’élan de « libération » ont participé à une meilleure connaissance des pratiques méditatives, même si cela restait finalement « confidentiel » au regard de la population occidentale.

 

La bascule s’est faite à la fin des années 70, aux Etats-Unis, près de Boston. Ce nouvel élan a été insufflé par Jon Kabat-Zinn, qui était Docteur en biologie moléculaire, et exerçait dans un hôpital universitaire, le University of Massachusetts Medical Center. Il avait déjà une pratique ancrée de méditation, et donnait aussi des cours de yoga.

 

Une question le taraudait cependant. A l’hôpital, il croisait des collègues soignants, et aussi des patients, qui souffraient d’une manière ou d’une autre. Il se demandait combien d’entre eux étaient « libérés » de leur souffrance après leur sortie de l’hôpital. Finalement, il décida d’aller interroger les médecins, et la conclusion fut la suivante : 20% des personnes.

Pour les 80% des patients qui restaient, l’hôpital n’avait malheureusement rien à proposer à l’époque.

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C’est lors d’une retraite méditative que Jon décrit ce qu’il appelle une « vision », un peu comme dans les dessins animés, lorsqu’une ampoule s’allume près du personnage principal. Un « eureka ! », qui répondait à cette question, tout autant que des questions plus existentielles telles que « que vais-je faire de ma vie pour être heureux ? ».

 

Lors des pratiques méditatives, nous nous reconnectons à notre corps, à notre mental, à notre état d’esprit, et nos émotions. Il eut l’intuition que ce qui se passait pour lui lors de cette retraite, ce dont il faisait l’expérience à cet instant, pouvait être utile aux personnes qu’il rencontrait à l’hôpital, mais aussi à toutes les personnes en souffrance.

 

Il prit alors la décision de transmettre l’essence de ce qu’il avait appris pendant ces années de pratique de yoga et de méditation, mais de les transmettre d’une manière plus accessible. Il eut l’intuition que ces enseignements pouvaient être offerts hors du cadre d’un centre bouddhiste, pour profiter à toutes et tous, et donc dans un cadre plus « laïque » (je ne rentrerai dans le débat pour savoir si le bouddhisme est une religion ou une philosophie…).

 

Il décida alors de convaincre les dirigeants de l’hôpital de lui permettre d’accueillir des patients dans une pièce du sous-sol, ce qu’il fit, accompagné d’autres collègues. C’est ainsi que naquit le programme MBSR (Mindfulness-based Stress Reduction), en français Réduction du stress basée sur la pleine conscience.

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Le programme MBSR a donc été le premier programme permettant de donner accès aux bénéfices de la pleine conscience, avec des mots et une démarche accessible à tous, en dehors d’un contexte religieux ou culturel.

 

L’intention du programme MBSR est plus vaste que la réduction du stress tel qu’on pourrait l’entendre. Il vise à nous offrir des pistes pour nous permettre de faire face aux évènements qui se présentent à nous et qui nous font souffrir, et pas seulement le stress ou la douleur.

 

En tant que chercheur, comme ses collègues, Jon compila bientôt les retours des participants des premiers programmes MBSR, et émergea alors la certitude de l’efficacité de ce programme.   

 

Peu à peu, le programme a été connu, et expérimenté, d’abord aux Etats-Unis, puis dans le monde. Les études scientifiques se sont multipliées, et elles sont toujours très nombreuses à ce jour. L’intérêt de la pleine conscience a grandi, explorant d’autres domaines : la réduction de l’anxiété et la prévention de la rechute dépressive (programme MBCT), la gestion de la douleur chronique (programme MBPM), l’alimentation en pleine conscience (Mindful eating, manger en pleine conscience, les programmes de pleine conscience pour les enfants…

 

A ce jour, alors que la science apporte de plus en plus de réponse, il a été démontré que la pleine conscience et la méditation apportait de réels bénéfices aux pratiquants. On pourrait croire que ces effets jouent seulement sur ce qui se passe dans notre tête, mais il a été remarqué qu’il se produisait aussi des modifications structurelles du corps. En « travaillant » avec notre attention (ce que l’on fait la méditation et la pleine conscience), en apprenant à rencontrer nos épreuves avec plus de douceur et de compassion (plutôt que d’être continuellement dans la résistance), notre corps change, se modifie, pour améliorer notre bien-être et notre santé.

 

Le programme MBSR est né dans le sous-sol d’un hôpital. A ce jour, il a pourtant été un soutien pour des milliers de personnes à travers le monde.