La méditation de pleine conscience pour faire face au cancer

Nous aspirons tous à être en bonne santé. La santé nous permet de vivre notre vie beaucoup plus confortablement.

Pourtant, il arrive que nous soyons confrontés à la maladie, qui fait souvent irruption dans notre quotidien sans crier gare. La souffrance et la maladie sont des épreuves qui nous sont imposées, qui nous mettent dans un grand désarroi, avec souvent un grand sentiment d’impuissance. Comme si on nous ôtait une partie de nous-même.

Quels sont les bienfaits de la pleine conscience lorsque la maladie, et particulièrement le cancer, fait irruption dans notre vie, et celle de notre entourage ?

Quel est l’intérêt de la méditation de pleine conscience en cas de cancer ?

L’annonce d’un cancer est elle-même un moment extrêmement difficile. Pour soi, pour ses proches. On devient un patient. Comme si tout s’arrêtait brutalement. Comme si une personne désagréable venait habiter chez vous comme si vous ne l’aviez pas invitée. Tout est remis en question. Le mental, déjà très présent, prend encore plus de place.

Le parcours se profile : entre rendez-vous, examens, médicaments. Il y a beaucoup de nouvelles informations à intégrer, à retenir, alors que le mental pense à autre chose. Une nouvelle organisation, de nouvelles contraintes s’ajoutent à la souffrance morale ou physique.

Notre esprit humain aime à se focaliser sur le négatif (on appelle cela le Biais de négativité). Les pensées d’anticipations négatives sont de plus en plus présentes, et c’est naturel.

Nous sommes tous différents, nous allons donc répondre au cancer à notre manière.

La pleine conscience, comme d’autres approches, est de plus en plus utilisée en complément des traitements médicamenteux. C’est un accompagnement dans le traitement, dans l’accueil de la maladie. Quand le stress, l’anxiété, la douleur, les sentiments dépressifs, la peur, prennent de plus en plus de place, il peut aussi y avoir de la culpabilité qui pointe le bout de son nez. Pourquoi le corps nous lâche ? La pleine conscience nous aide alors à mieux gérer ces difficultés du quotidien : les symptômes de la maladie, les traitements ou leurs effets secondaires. Elle est aussi un soutien pour les accompagnants, une place qui demande aussi beaucoup de ressources pour prendre soin de l’autre, tout en veillant à ne pas s’oublier.

Comment la pleine conscience nous aide-t-elle à faire face au cancer ? Quels sont les effets positifs de la pleine conscience sur la maladie ?

La pleine conscience nous invite à redevenir présent à ce que nous vivons. Nous décidons de porter notre attention intentionnellement sur ce que nous sommes en train de vivre, en veillant à ne pas nous laisser embarquer par nos pensées, nos jugements, nos schémas de réaction. Nous nous tournons vers notre expérience sensorielle et émotionnelle.

Or, lorsqu’on est face à la maladie, au cancer, le premier réflexe est de refuser, de ne pas vouloir. C’est naturel, c’est humain. On parle d’ailleurs de lutte, de se battre. Un langage guerrier accompagne le quotidien.

Nous avons hérité du fonctionnement cérébral de nos ancêtres qui devaient survivre face aux dangers de la nature. Si quelque-chose nous met en danger, nous entrons automatiquement dans des réactions de lutte et de combat, de fuite ou de sidération.

Nous nous voulons pas que ce soit là.

La pleine conscience va nous inciter à prendre un chemin différent et complètement contre-intuitif. Cette voie est d’aller à la rencontre des difficultés, en voyant comme il est possible de vivre mieux avec elles. Cette voie nous encourage aussi à plus de gentillesse envers nous-même, et à vivre plus intensément les moments agréables.

La pratique de la méditation est un entraînement à la pleine conscience. La méditation entraîne notre esprit à revenir au moment présent. Notre attention est comme un muscle. Avec la méditation nous entraînons notre muscle de l’attention, tout en nous reconnectant à nous-même. Nous choisissons un ancrage où déposer notre attention, notre conscience : la respiration, les sensations du corps, les sons qui nous entourent… Et chaque fois que notre esprit part vagabonder, nous le ramenons à notre ancrage, avec les techniques de méditation, dès que l’on s’en aperçoit. Il n’y a jamais d’échec en méditation. Nous apprenons à notre mental à revenir ici et maintenant. Nous l’entraînons à remarquer les pensées, et à ne pas les suivre de manière automatique vers des chemins non désirés.

Les bénéfices pour les personnes en bonne santé sont prouvés. Ils le sont aussi pour les personnes souffrant de maladies chroniques ou de douleurs.

Outre l’apaisement de l’esprit et du mental, il émerge une nouvelle clarté mentale, qui permet d’ouvrir des portes, et d’élargir les perspectives. Là où la maladie prend toute la place, ces ouvertures sont autant de nouvelles possibilités de continuer à vivre, et de parcourir les épreuves avec plus de stabilité.

Au-delà de la maladie, il y a aussi des choses qui vont bien. Il y a des moments de partages, ou de découvertes. Les jours ne sont pas tous les mêmes. Le cancer est une épreuve difficile, et la pleine conscience sera un grand soutien, en élargissant nos points de vue, en nous aidant à mieux nous comprendre. Nous pourrons mieux voir nos schémas de réaction. Nous pourrons faire les choix les plus adaptés pour nous et pour notre santé, et retrouver un meilleur équilibre. Notre mental et le biais de négativité prendront moins de place dans notre vie.

Découvrir nos programmes de pleine conscience

La pleine conscience et la méditation ont été démocratisées grâce à ce que l’on appelle les « programmes basés sur la pleine conscience ». Ce sont des parcours de 8 semaines, le plus souvent suivis en groupe, qui ancrent la pleine conscience dans la vie des participants, et leur apprennent des pratiques de méditation. Ils découvrent aussi des outils, des « exercices » pour les aider au quotidien. Certains proposent aussi des mouvements doux de yoga en pleine conscience, pour remettre le corps en action. Ces programmes ont fait et font toujours l’objet de nombreuses études scientifiques.

C’est à la fin des années 70 que Jon Kabat-Zinn a créé le programme MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction ; réduction du stress basée sur la pleine conscience). La démarche MBSR a commencé dans un hôpital, avec des patients souffrant de maladies chroniques, de douleur et de cancer. Le « Stress » évoqué par Jon Kabat-Zinn concernait tout ce qui peut nous causer souffrance dans notre vie. Les effets de ce programme pour les patients ont été tellement importants que ce programme MBSR, et les programmes qui ont suivis, sont transmis par des instructeurs dans le monde entier. Les études ont depuis prouvé l’efficacité de la pleine conscience dans de nombreux domaines.

Adaptés du programme MBSR, les programmes MBCT, MBCR et MBPM ont émergés.

Le programme MBCT (en français, Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience) avait pour intention de prévenir la rechute dépressive et l’anxiété. Il propose, en plus d’offrir de nouvelles compétences de pleine conscience, des outils tirés du courant des TCC (Thérapie comportementale et cognitive). Récemment, une adaptation du programme MBCT a été créée pour particulièrement faire face au cancer (MBCT-Cancer). Ce programme est déjà proposé depuis plusieurs années au sein des services oncologie des hôpitaux ou de centres de santé en Belgique.

Au Canada, c’est une adaptation du programme MBSR qui a été créée par le docteur Linda Carlson : le programme MBCR (Mindfulness-based stress reduction and Cancer recovery).

Au Royaume-Uni, le programme MBPM axe son approche sur la gestion des douleurs et de la fatigue, et sur l’apprentissage de la compassion et de l’autocompassion.

A la suite des programmes, les participants poursuivent seuls, ou suivent des ateliers de pratique de méditation, rompant ainsi l’isolement parfois ressenti lorsqu’on souffre d’une maladie chronique.

En suivant un programme basé sur la pleine conscience, quel qu’il soit, les participants acquièrent de nouvelles compétences, apprennent différentes pratiques de pleine conscience, et redeviennent acteur de leur propre vie